Toutes les écoles d'art n'enseignent pas le dessin d'après modèle, ce n'est pas simple à organiser, surtout depuis les événements de 1968 qui ont modifié tant de notions dans l'art, et surtout dans les cours d'académie, l'art abstrait devenant la priorité. Aujourd'hui ce doit être encore plus complexe, pour ne pas dire impossible. Il reste le travail en atelier.
Je suivais ces cours privés d'écoles d'art pendant des années, étudier les antiques d'après des reproductions en plâtre était le principe habituel, et plus rare et plus difficile était l'admission dans le cours de modèle vivant.
Dessiner un nu, de femme ou d'homme, est la plus enrichissante expérience pour apprendre l'art du dessin. Toute étude se fait au fusain, à la craie d'art, au pastel, à la mine de plomb, enfin avec tout ce qui permet de travailler vite, car un modèle vivant ne peut poser pendant des heures. Je me suis habitué à faire des dessins rapides, croquis sans détails, étude des proportions, rapport de mouvement aussi.
Pour ce genre de recherche, il faut travailler sur papier grand format, genre raisin 50 x 65 cm, sinon le geste est étriqué et le résultat sans ampleur. Et l'essentiel est de saisir l'essentiel, non pas le petit grain de beauté sur le bout du nez, mais appréhender l'enveloppe charnelle qui d'un seul coup va traduire l'émotion devant le modèle. Les baigneuses Cézanne en sont l'exemple.