samedi 15 mars 2025

 

Si les personnages sont sculptés dans une belle pierre blanche, avec un saisissant effet de perspective, il y a un détail mystérieux. Le calice est en étain et la miche de pain en couleur. Étant enfant, je savais déjà qu’il suffit de basculer la miche de pain sur l’autel pour ouvrir le tabernacle qui se dissimule dans la poitrine de Jésus, mon père m'avait montré la cachette en grand secret !

J’ignore s’il se dit encore parfois des messes en ce lieu, mais je sais que dans ce tabernacle vide il y a des photos, des petits billets griffonnés, la continuité d’un ex-voto !

 


vendredi 14 mars 2025

 

Nous voici à l’intérieur de la chapelle, au centre d'une véritable galerie de sculptures de Raymond Dubois, je vais vous les faire découvrir. Je ne sais pas si les visiteurs se rendent compte d’une impression curieuse et nouvelle lorsqu’ils pénètrent à l’intérieur de cette chapelle.

Ici pas d’architecture romane ou gothique, rien n’y flamboie ; le style est totalement épuré. Raymond Dubois a appliqué dans son architecture la simplicité des lignes droites, pures, sans ostentation, nous sommes exactement dans l’art de son époque, le style art déco. Les croisillons en ciment des vitraux et les bas-reliefs sculptés de chaque côté rehaussent d’autant plus ce style art déco que le jeune sculpteur avait découvert à Paris lorsqu’il était élève des Beaux-Arts.

 


jeudi 13 mars 2025

 

Dès l’entrée dans cette chapelle regardez à votre droite, cherchez cette inscription gravée dans le mur selon le style si particulier du sculpteur !

 


mercredi 12 mars 2025

 

Le tympan sculpté en bas-relief, fait de calcaire blanc, a été incrusté sur mesure dans le bâti du fronton en demi-cercle de style Roman.

 Tout à fait cohérent avec le thème de la chapelle, il représente la famille réunie sous un parapluie protecteur et la croix de la charité, gravée « caritas ». Ce sont de simples gens, en sabots ou chaussures ferrées. Ils attendent placidement la fin de l’orage, le petit-enfant est bien à l’abri, le chien confiant sommeille, et le pain dans son panier d’osier nourrira tout ce monde heureux.

 Ce bas-relief a sans doute été sculpté pendant la période de la seconde guerre. Il n’a pas été réalisé par Raymond Dubois, mais sous son œil attentif par une de ses élèves, Marie-Madeleine Barbet, qui deviendra l’épouse de Claude Gruer, travaillant lui aussi dans cet atelier de Juigné avant de fonder son propre atelier, en face, à Solesmes. Ce couple d’artistes fera un art immense et d’une productivité remarquable.

 


mardi 11 mars 2025

 

Ce dessin à la plume est peut-être le plus délicat à réaliser dans la série que je viens de faire spécialement pour Notre-Dame du Nid. Il est sombre et lumineux à la fois grâce à cet assemblage de marbre noir et de pierres que Raymond Dubois a secrètement conçu. 

Sans trop m’aventurer, je crois pouvoir dire que la porte de gauche avec ce fronton si caractéristique est postérieure à la création de la chapelle. Je pense que le sculpteur l’a édifié avec des matériaux de récupération très anciens. Cette porte en fait ne débouche que sur un appentis à la toiture transparente et adossé au mur côté Nord. C’est en cet endroit que le sculpteur mettait ses pièces de buis à sécher après avoir été noyées dans le bassin plus haut.

Le bas-relief si célèbre, sculpté dans le tympan de ce fronton, a aussi son histoire.

 


lundi 10 mars 2025

 

C’est ainsi que l’on découvre l’entrée de cette chapelle aujourd’hui. Après avoir trouvé l’accès d’un sentier tortueux et grimpant sur le coteau, qui partant de la rue justement nommée maintenant Raymond Dubois, vous mènera jusqu’à ce « Nid » . Et là, avant d’entrer dans le sanctuaire, retournez-vous, vous aurez une vue magnifique sur l’Abbaye Saint-Pierre de Solesmes, le soir au couchant, c’est féerique !

 

Notre-Dame du Nid

Posée sur le coteau pour un nouveau cantique.

Et ne faudrait-il pas monter à genoux

Dans le sentier rude avec ses cailloux ?

 Ecrivait Claude Renaudy


 

Les mêmes cailloux sont toujours là, sur  ce même sentier que mes parents empruntaient déjà avant la guerre ! Et que je suis certain d'avoir aussi emprunté, lentement, quelques mois avant ma naissance...

 

 

dimanche 9 mars 2025

 

Notre-Dame du Nid. 2023

Huile sur toile de lin 73 x 54 cm.

J’ai peint cette composition en prenant un recul virtuel plus au nord, au-delà du bac à eau de pluie, et en imaginant une époque vers les années 1950. La vue est dégagée, les arbres commencent à pousser, l’appentis latéral n’est pas achevé. Simple imagination poétique.

 


samedi 8 mars 2025

 

Déjà, en 1936, une sorte de ferveur se manifeste ici, non point par idolâtrie, ce serait vulgaire et sans intérêt, mais c’est cette Vierge au nid qui fascine, qui va droit au cœur de ceux, et sans doute surtout de celles, qui la regardent. Un mystère ! Je ne me lasse pas de l’admirer aujourd’hui, son message est pénétrant, elle irradie de bonté, ce dont le Monde a le plus besoin, après le pain et l’eau.

Alors un petit pèlerinage commence, sans tambour ni trompette, ni carillon de bronze. Les fleurs abondent au pied de la statue de buis, accompagnées de prières balbutiées maladroitement et sûrement plus nombreuses et sincères que si la houlette d’un ministre du culte les ordonnait.

Le latin des chants grégoriens de l’abbaye, de l’autre côté de la rivière, n’y voyait aucun mal !

 


vendredi 7 mars 2025

 

À propos de cette coiffe surprenante, qui intrigue beaucoup de visiteurs, je vais vous en expliquer les origines.

La Sainte Vierge est le plus souvent couverte d’un simple voile sur la tête, comme le voulait la tradition juive de son époque. Plus tard, avec l’évolution de l’art religieux du Moyen-âge, elle portera par-dessus son voile une couronne plus ou moins riche et ouvragée.

Cependant Raymond Dubois étant né dans la Mayenne à Ernée, petite ville toute proche de la basilique célèbre de Pontmain, avait remarqué dans sa jeunesse la coiffe étrange que portait la Vierge de Pontmain, selon la description des enfants témoins de son apparition en 1870. « Une couronne en or, lisse et toute ronde, mais très haute avec un simple filet rouge autour. »

Alors, le sculpteur, dans sa foi, a reproduit sur sa  Vierge de Notre-Dame du Nid, la même couronne, mais en buis !

 


jeudi 6 mars 2025

 

Voici comment se présentait la chapelle à peu près terminée vers 1936. Le terrain aplani dans la colline n’est couvert que de très peu d’arbres, un simple verger et quelques ruches. Derrière l’abside de forme arrondie, un oratoire à colonnes, décoré de vitrail, abrite la vierge de buis.

L’accès pouvait se faire par un chemin au-dessus, plus pratique pour les matériaux lourds. Personne ne verra plus le grand terrain juste à côté, là où le sculpteur travaillait sur ses plus imposantes statues de pierre et de bois, un chantier gigantesque. Ses élèves devenaient nombreux !

 

Dessiner un paysage n'est pas forcément dessiner ce que l'on voit. L'illustration d'un thème historique autorise le dessinateur à imaginer ou à recomposer un motif tel que faisait Victor Hugo, par exemple, dans ses romans, Un artiste est un témoin qui doit s'affranchir parfois du temps présent !

mercredi 5 mars 2025

 

C'est dans son atelier, au bord de la petite route qui sur  la rive droite de la rivière mène de Sablé à Juigné, que  le sculpteur travaille sur sa grande statue, et ce sera son épouse Marie-Louise qui lui servira de modèle. C'est émouvant de savoir que cette sculpture en pied est grandeur nature. La maison de Monsieur et Madame Dubois est située juste au-dessus de l'atelier, et son jardin grimpait sur la colline, là haut où il construisait sa chapelle.

L'ensemble, aujourd'hui, est à l'abandon.

 

Ce village est très ancien

et le sculpteur avait reconstruit 

lui-même son atelier

et sa maison, imbriqués dans 

des pierres et du marbre noir.

mardi 4 mars 2025

 



L’essentiel de l’art de Raymond Dubois sera d’inspiration religieuse, sa foi était grande et il avait l’habitude de dire que Dieu le guidait dans son travail.

Ce remarquable christ, dont le visage a été sculpté à travers la chevelure tombante dans la souffrance, est signalé de 1967, cependant, j’ai vu le sculpteur travailler dessus, presque achevé, lorsque j’avais une dizaine d’années, donc dans les années 1950.

 


lundi 3 mars 2025

 

Nous sommes sur les bords d’une belle rivière, la Sarthe, dans un endroit à la fois sublime et grandiose, j’oserais même dire envoûtant. Cette chapelle est à Juigné-sur-Sarthe, plus précisément au Port de Juigné, en face se situe Solesmes, avec sa majestueuse abbaye Saint-Pierre, le haut lieu du chant grégorien.

Cette curieuse petite chapelle a été construite dans les années 1930, par un sculpteur, Raymond Dubois, qui habitait juste en dessous.

L’endroit incite au recueillement, à la pensée, sans pour autant s’abîmer dans la dévotion de la foi. C’est avant tout un lieu de Paix et d’Union, que j’ai connu pendant les années de guerre.

J’ai pris un indicible plaisir à dessiner ceci avec une plume sergent major, toute simple. Et en travaillant à l’encre de Chine ce dessin noyé dans les arbres, je me demandais ce que Monsieur Dubois penserait s’il revoyait sa chapelle dans cet environnement presque tropical et irréel.

Espérons que personne ne vienne abattre les arbres.

 

Pendant des années, dès l'âge de 12 ans, j'ai voué une grande admiration pour Monsieur Raymond Dubois qui fut mon premier professeur de dessin. D'une grande humanité, d'une conscience absolue dans la transmission de son savoir, d'une humilité égale à son immense talent.

Et 70 ans plus tard, alors que j'écris ce texte, je lui suis toujours reconnaissant !

 

dimanche 2 mars 2025

 

Je dois avant tout vous présenter le sculpteur Raymond Dubois.

Né en 1904 à Ernée dans la Mayenne, il décède en 1982 à Juigné-sur-Sarthe.

Inscrit très tôt à l’école d’art appliqué du Mans, il poursuit ses études à Paris dans plusieurs ateliers de sculpteurs. Élève de l’École Nationale Supérieure des beaux-arts, il se perfectionne dans la taille directe pour terminer son apprentissage chez le sculpteur Henri Charlier, (tout comme Claude Gruer qui devint aussi son élève ensuite à Juigné).

Il s’installera en 1929 au Port-de-Juigné sur Sarthe.

Son œuvre est essentiellement d’inspiration religieuse.

 


samedi 1 mars 2025

 

Je sais une chapelle au flanc d’un coteau, un peu oubliée, en dehors des grands centres de pèlerinage.

Le nom de cette chapelle est aussi modeste que curieux. Il sonne à mes oreilles comme une petite cloche me rappelant les heures lointaines d’un passé toujours présent pour continuer l’avenir, car jamais rien ne s’arrête.

Notre-Dame du nid, toute menue, bien tranquille dans ses frondaisons, surveille en face la forteresse de l’ Abbaye de Solesmes qui se mire dans l’eau, dans les eaux calmes d’une rivière, la Sarthe, qui les sépare et les unit.

À l’origine de cette chapelle, à sa création, il y eut cette statue, une surprenante statue de buis, sculptée par Raymond Dubois alors qu’il avait 30 ans et était en possession de tout son art de sculpteur statuaire.

C’est cette représentation de la Vierge Marie tenant entre ses mains un curieux symbole dont je vais vous expliquer l’histoire merveilleuse.

C’était un ex-voto, qui lors de sa commande devait immortaliser « Notre Dame du foyer », c'est-à-dire plus précisément Marie gardienne de la famille, qui grâce à des prières avait sauvé un couple en danger de séparation.

L’histoire serait restée classique, seulement voilà, le sculpteur était guidé par une main mystérieuse, sans doute, car au cours de son travail, la statue, grandeur nature, se transforma en « Notre Dame du nid »,  dont je vais dans ces pages vous raconter l’étonnante aventure.

Cette photo récente, le matin au lever du soleil, nous montre la statue abandonnée qu'il faudrait songer à sauver de la ruine, d'autant que des mains pieuses continuent à l'aimer et à déposer à ses pieds des bouquets de fleurs toujours blanches et roses, et aussi à prier !

 


  Si les personnages sont sculptés dans une belle pierre blanche, avec un saisissant effet de perspective, il y a un détail mystérieux. Le c...